Les formations

Où en sommes-nous ?

Des mutations permanentes

Les deux premières années de la présente mandature ont été consacrées à la construction de l’offre de formation de l’Université de Lille en vue de la mise en place du contrat quinquennal 2020-2024 (prolongé jusqu’en 2025, compte tenu de la crise sanitaire de la COVID-19). Ce travail de préparation de l’accréditation, mené à marche forcée alors que notre université naissait à peine, a mobilisé les énergies d’un grand nombre de personnels de l’université, qu’il s’agisse d’enseignants, d’enseignants-chercheurs et de personnels BIATSS. Il s’est aussi agi de mettre en cohérence l’offre de formation des trois ex-universités lilloises afin d’éviter les redondances au sein d’un même établissement.

La construction de cette offre de formation a été concomitante avec la parution de l’arrêté licence du 30 juillet 2018. Nous retenons ici trois articles de cet arrêté :

  1. [article 9] imposant une organisation des formations en blocs de connaissances et de compétences (BCC),
  2. [article 11] conseillant de privilégier une évaluation continue des connaissances et des compétences effectuée « à des moments pertinents pour l’orientation de l’étudiant et sa progression par rapport à son projet personnel et à son projet professionnel » et pouvant revêtir des formes variées.
  3. [article 13] précisant que « les modalités du contrôle des connaissances et des compétences autorisent une prise en compte transversale ou interdisciplinaire des acquis de l’étudiant et permettent une organisation globalisée du contrôle au sein de regroupements cohérents d’unités d’enseignement, organisés notamment en blocs de connaissances et de compétences ».

S’agissant de l’organisation des formations BCC, elle a été mise en place de façon contrastée dans l’Université : si un certain nombre d’équipes pédagogiques se sont approprié cette nouvelle organisation, parce qu’elles étaient déjà familières de l’approche par compétences sous-jacente, d’autres ont perçu cette nouvelle organisation comme une contrainte, dont, certainement faute de temps et d’une pédagogisation suffisante, l’intérêt ne leur est pas apparu. De même, et de façon liée, toutes les formations n’ont pas eu le temps de mener une réflexion aboutie sur l’évaluation, entre autres sur les possibilités offertes par l’article 13 ci-dessus : la généralisation du contrôle continu, laquelle relève du conseil mais pas de l’obligation (cf. article 11), a par conséquent engendré, dans les formations à fort effectif, un temps dédié aux évaluations au-delà du tenable, aussi bien pour les étudiantes et étudiants que pour les équipes pédagogiques. 

Des formations riches de leurs diversités

À ce jour, l’Université de Lille propose 213 mentions relevant du périmètre Licence/Master/Doctorat (LMD, incluant les DEUST et DUT/BUT) ainsi que celles des formations du secteur santé qui ne relèvent pas du LMD. L’Université propose également des formations propres, indépendamment de la contractualisation avec l’État. Il s’agit de diplômes d’université (DU) ou inter-université (DIU) (plus de 250 DU et DIU ont été habilités par la CFVU pour la période 2021-2025), de certificats universitaires (CU) consistant en des blocs de connaissances et de compétences adaptés à la formation continue, ainsi que des formations permettant d’accéder aux études supérieures : DAEU (Diplôme d’Accès aux Études Universitaires) A et B et capacité en droit.

Pendant la mandature de l’actuelle Université de Lille a par ailleurs été menée une politique volontariste de développement des formations en alternance, en particulier en apprentissage : le nombre d’apprenti·e·s a doublé entre 2018 et 2021 (on en dénombre 2900 à ce jour), et l’apprentissage se développe dans tous les secteurs de formation (140 formations étaient sont concernées en octobre 2021). Le développement de l’apprentissage s’observe également dans les établissements-composantes : pour le seul CFA Formasup, on compte à la même période 101 apprenti·e·s à l’ENSAIT, 60 à l’ESJ, 43 à Sciences Po Lille. Si l’on additionne contrats de professionnalisation et contrats d’apprentissage, ce sont 3958 alternants que compte notre Université au 15 octobre 2021, soit 6% de la population étudiante. Cette politique est vertueuse pour toutes et tous : en premier lieu pour les personnes en alternance en termes d’accès aux études supérieures, de financement d’études, d’insertion ou d’évolution professionnelle (cf. ODIF info, 2021 n°16) ; ensuite pour des raisons économiques : les formations en alternance sont financées et permettent d’augmenter les ressources propres de l’Université (les recettes, frais déduits, sont de l’ordre de 13 millions € par an). Ces ressources bénéficient aux alternant·e·s, mais plus largement à tou·te·s les étudiantes et étudiants. Une étude nationale récente sur l’apprentissage indique en outre que « l’apprentissage a permis la création de 10 380 emplois de plus que ce qu’aurait produit le seul recours à l’enseignement non alterné ou l’accès direct à l’emploi, sur un an ». Cette politique a par conséquent vocation à être poursuivie, notamment dans le cadre du projet Université de l’alternance, financé par l’I-SITE.

Construire un système d’information unique et partagé

Le déploiement d’une offre de formation à l’échelle de l’Université de Lille dans sa configuration actuelle a requis la mise en place d’outils de suivi et de pilotage : Apogée, RefFormation, FCA manager, pour n’en citer que quelques-uns. Autrement dit, pour construire notre système d’information en matière de formations, il a fallu déconstruire les SI des établissements d’origine, condition sine qua non pour que notre Université actuelle devienne une, et non la somme des trois anciens établissements (quatre, si l’on ajoute l’INSPÉ, qui a intégré l’Université de Lille au 1er janvier 2020). Ce double mouvement de déconstruction/reconstruction a suscité de nombreuses perturbations : pour les équipes pédagogiques mais plus encore peut-être pour les équipes de personnels d’appui et tout particulièrement pour les secrétariats pédagogiques, qui jouent un rôle central dans la vie des formations et dont les tâches se sont complexifiées. C’est du reste pour prendre en compte cette complexification de leur métier qu’un plan d’action pour revaloriser les métiers de la gestion de la scolarité/pédagogie a été proposé au Conseil d’Administration de l’Université le 8 juillet 2021 (et adopté par lui à l’unanimité). Les directeurs et directrices d’études ont été pareillement affectés par la mise en place de ces nouveaux outils au niveau de l’Université, dont l’intérêt ne peut être mesuré que sur un temps long.

À ce jour, la mise en place d’un système d’information unique dans toute l’Université pour ce qui concerne le pilotage des formations n’est pas complètement achevée.

Notre programme pour la mandature 2022-2025

Maîtriser le temps

Notre programme en matière de formations pour la mandature à venir s’organise en deux périodes.

  • Dans un premier temps, de janvier 2022 à l’été 2023, il s’agit de
    • (1) retravailler avec les équipes pédagogiques sur les possibilités offertes par l’arrêté licence de 2018, en particulier sur les BCC et la question des évaluations, afin d’identifier les points de blocage et de proposer des améliorations. Cela peut prendre la forme d’une enquête auprès des directeurs et directrices d’études et de la mise en place d’une cellule d’accompagnement, au plus près des formations,
    • (2) finaliser la mise en place des outils de pilotage de notre offre de formation pour améliorer les procédures qui accompagnent l’implémentation de l’offre dans ces outils afin de faciliter la gestion quotidienne des formations. Après une nécessaire période de centralisation de ces dispositifs, il s’agit en effet maintenant de faire en sorte que les composantes puissent se les approprier et aient la main toutes les fois que possible : plan de formation en direction des personnels, mise sur pied de communauté d’usagers pour la remontée des difficultés, déploiement du plan d’action pour revaloriser les métiers de la gestion de la scolarité constituent de premières réponses, sans épuiser les possibles.
  • Dans un second temps, qui débutera à l’automne 2023, une réflexion sur l’offre de formation dans le cadre de l’accréditation 2026-2030 sera lancée, associant au plus tôt les collègues qui en seront les acteurs et actrices.  

Du point de vue des contenus, l’Université de Lille 2022 offre l’opportunité de construire des parcours de formation innovants avec des passerelles entre les composantes et établissements-composantes, facilitatrices pour nos étudiantes et étudiants. Elle offre également une chance de poursuivre le développement des programmes gradués financés par l’I-SITE. Actuellement, ces programmes gradués constituent, pour la plupart d’entre nous, une boîte noire qui suscite méfiance et rejet, parce qu’ils semblent réservés à une minorité d’individus. Il est temps que cela cesse : ces programmes gradués ne doivent plus faire exception, et il est indispensable de les ancrer dans l’organigramme universitaire pour plus de transparence et une meilleure appréhension et compréhension, pour qu’ils soient partagés par le plus grand nombre.

Gouverner autrement

Du point de vue de la gouvernance, nous mettrons en place une nouvelle organisation articulant le triptyque des vice-présidences Recherche, Formations et Relations internationales au moyen de vice-présidences déléguées par domaine (le grain reste à définir). Actuellement, ces trois vice-présidences sont tubulaires. Or, quand il s’agit de formations, la recherche est fortement impliquée (sinon, affirmer que « les formations sont adossées à la recherche » n’est qu’une déclaration de principe sans fondement), de même que l’est la dimension internationale. Ce réseau de vice-présidences travaillera lui-même en réseau avec les directions de composantes et d’établissements-composantes.

La définition de l’offre de formation ne peut pas se faire sans tenir compte de sa soutenabilité humaine et patrimoniale : cela serait irresponsable. Nous souhaitons que les composantes disposent d’une enveloppe correspondant aux heures des formations qu’elles portent. Le mode de calcul de ces heures devra évoluer pour être plus juste (prise en compte des effectifs et des spécificités de chaque formation) et plus compréhensible. Ainsi, dès la construction des maquettes de formation, un contrat clair sera établi entre la présidence et les composantes (la question ne se pose pas dans les mêmes termes pour les établissements-composantes, dans la mesure où elles conservent leur personnalité morale). C’est dans ce cadre que chaque entité pourra définir sa politique de formation au cours de la campagne d’accréditation et repenser son offre de formation, en conformité avec la stratégie globale de l’établissement en matière de formations (rôle de régulation ; incitation à la coopération inter-composantes et établissements-composantes pour créer des formations inédites) en fixant ses priorités tout en restant garantes de la soutenabilité, humaine et financière, de l’offre.

Toutefois, les composantes n’ont pas la maitrise de tous les paramètres qui impactent la vie de leurs formations. Elles subissent, en particulier en premier cycle, les effets d’une démographie importante et de CAL trop élevées, imposées par le rectorat sans tenir compte de capacités d’accueil décentes pour les étudiantes et les étudiants, que ce soit en termes d’encadrement ou même de locaux. Les conséquences en sont des taux d’abandon importants de la part d’étudiantes et étudiants qui se retrouvent dans des conditions d’étude qui ne sont pas favorables à leur réussite. L’Université de Lille doit par conséquent se mobiliser pour ses formations et doit agir auprès de ses tutelles. Outre de meilleures conditions d’études pour nos étudiantes et étudiants, il en va aussi de la qualité de travail des personnels de l’Université, quels qu’ils soient, et qui, actuellement, s’investissent avec énergie pour maintenir la qualité de nos formations dans des conditions qui les épuisent.

Un effort sera aussi fait sur la communication, l’information et l’anticipation afin que chacune et chacun, quelle que soit sa fonction dans le champ de la pédagogie et de la scolarité, prenne la mesure des possibilités et des contraintes internes ou externes en la matière : le processus de pilotage des formations initiale (en cours de déploiement), incluant un calendrier des opérations répond partiellement à ce besoin.  

Le développement durable : une vice-présidence structurante

Soutenabilité de l’offre de formation, soutenabilité humaine et patrimoniale s’insèrent dans un dispositif qui place le développement durable au cœur de la gouvernance.Celui-ci s’étend à un principe de responsabilité des universités vis-à-vis des enjeux socio-environnementaux (production de connaissances, formation des professionnelles et professionnels de demain, transformation de la société). Cela constitue un enjeu fort que nous souhaitons rendre visible et opérationnel en confiant la vice-présidence Développement durable au premier vice-président. Cet enjeu a vocation à se disséminer dans tous les domaines, dont celui de la formation et de la recherche, car il est urgent que l’on passe d’une génération sensibilisée à la problématique du développement durable à une génération qui y soit formée.

Pour ce qui est des formations, le développement durable est un thème qui permettra de faire se rencontrer composantes et établissements-composantes sur des enjeux communs susceptibles de déboucher sur des formations inédites. Enfin, et de façon liée, nous revendiquons une dynamique de déploiement d’une offre de formation encore plus tournée vers les acteurs du monde socio-professionnel, culturel et académique, qu’ils soient locaux, nationaux ou internationaux, par le renforcement des partenariats structurants, au-delà de la seule formation continue, à tous les niveaux de diplomation, doctorat y compris. La mise en place d’un career center (cf. note « Vie et réussite étudiante ») participe de cette volonté. 

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En résumé : les questions de soutenabilité humaine, patrimoniale et financière de l’offre de formation actuelle restent un point d’attention très fort. Et, au-delà de l’ambition d’asseoir la notoriété de l’Université, son attractivité et son rayonnement en matière de formations, il s’agit de préparer tous les publics que nous formons, qu’ils soient en formation initiale ou continue, à l’objectif essentiel d’une insertion ou d’une réorientation professionnelle réussie, à tous les niveaux de diplomation et de donner à chacune et à chacun des conditions d’étude et de travail décents.