La LPR et le repyramidage à l’Université de Lille

L’application de l’accord relatif à l’amélioration des rémunérations et des carrières (en raccourci : le protocole carrière) de la LPR a commencé tambour battant dans l’Université de Lille début 2022, comme du reste dans tous les établissements d’enseignement supérieur de France : repyramidage, RIPEC, CPJ, on vous dit tout sur ces dispositifs, sur leur application dans notre établissement et sur la position des élu·e·s du collectif SERVIR.  

Repyramidage : kesaco ?

Le protocole carrière de la LPR institue une nouvelle voie d’accès au corps des professeur·e·s des Universités (PU) créée par décret le 20 décembre 2021 : le « repyramidage ». L’objectif affiché est de repyramider le corps des PU (hors hospitalo-universitaires) et, par voie de conséquence, celui des maitres et maitresses de conférences (MCF), pour atteindre d’ici 2026 un ratio de 40% de PU pour 60% de MCF, soit encore 0,66 PU pour 1 MCF.

Combien de possibilités au niveau national ?

D’ici 2026, 2000 promotions intercorps sont prévues au niveau national.

L’année 2022 de lancement du dispositif se distingue par une double campagne, l’une au titre de 2021, l’autre au titre de 2022. Au niveau national, 800 possibilités de promotions intercorps ont ainsi été allouées pour cette première double campagne.

Qui peut candidater ?

Pour candidater, il est indispensable d’être titulaire d’une habilitation à diriger des recherches et de relever à la section CNU bénéficiant de possibilités de repyramidage. À ces conditions communes s’ajoute une condition d’ancienneté d’au moins 10 années pour les collègues actuellement à la classe normale du corps des MCF. Aucune condition d’ancienneté ne pèse sur les collègues à la hors classe du corps des MCF.

Calendrier

  • Candidature : du mardi 22 mars au jeudi 21 avril 2022 (application GALAXIE/ELECTRA). Report au 26 avril, suite à une saturation de la plateforme nationale
  • Processus d’évaluation phase locale puis phase CNU : jusqu’au 28 octobre
  • Comités d’audition : du 21 novembre au 2 décembre
  • Décision : au plus tard le 14 décembre

Pyramidage à l’Université de Lille historique

Avant de repyramider, il est nécessaire de connaitre l’état du pyramidage PU/MCF. Ce pyramidage peut être considéré sous différentes vues :

  • un niveau macro, tous établissements et toutes sections CNU confondues ;
  • un niveau micro, au sein d’un même établissement, section CNU par section CNU ;
  • deux niveaux intermédiaires :
    • intermédiaire 1 : par établissement toutes sections CNU confondues ;
    • intermédiaire 2 : section CNU par section CNU tous établissements confondus.

Selon le niveau macro, en 2020, le taux de PU en France (hors hospitalo-universitaires) était de 31,5%.

Avec 30,4% de PU (hors PUPH) au 31 décembre 2020 (niveau intermédiaire 1 ; source : bilan social 2020), l’Université de Lille historique, c’est-à-dire sans les écoles qui l’ont rejointe dans l’EPE au 1er janvier 2022, se situe à un point de moins que la moyenne nationale.

Selon la deuxième vue (niveau micro), la situation est très hétérogène dans notre établissement : là où certaines sections CNU ont un ratio très éloigné de 0,66 PU pour 1 MCF (par exemple la section 12, qui, si nos sources sont exactes, compte 0,21 PU pour 1 MCF, ou la section 64, avec 0,28 PU pour 1 MCF), d’autres en sont proches voire au-delà (toujours d’après nos sources, par exemple la section 05 avec un ratio de 0,55 PU pour 1 MCF ou la section 02 avec 0,7 PU pour 1 MCF).

On laisse ici le niveau intermédiaire 2, même s’il y aurait des choses à en dire. Pour les ratios PU/MCF par section CNU, cf. https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/fiches-demographiques-des-sections-du-conseil-national-des-universites-cnu-83047.

Repyramidages à l’Université de Lille

Notre établissement (hors établissements-composantes, qui gèrent leur dotation à part) a bénéficié d‘une dotation de 36 promotions au titre du repyramidage : 17 pour 2021, 19 pour 2022. Il a par ailleurs été destinataire fin 2021 d’une note du ministère indiquant que les possibilités allouées ont vocation à être utilisées en priorité dans les sections où le ratio PU/MCF est le plus défavorable avec, à titre d’information, la liste des sections repérées comme telles : 04, 06, 07, 09, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 18, 19, 22, 23, 27, 28, 32, 37, 64, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 74, 85, 86 et 87.

Conseil d’administration plénier du 10 mars 2022

Lors du conseil d’administration en formation plénière du 10 mars 2022, les administrateurs et administratrices ont voté les sections attributaires pour cette première double campagne, sans aucun document préalable, en dehors de la liste des sections proposées par l’établissement au repyramidage et du nombre de repyramidages proposé par section et par année (2021 ou 2022).

Nous avons découvert en séance les critères retenus (vivier d’au moins trois collègues ; ratio en-deçà de 0,66 PU/MCF) ainsi qu’un algorithme d’attribution, rapidement présenté à l’oral. Le critère retenu par la présidence d’un vivier d’au moins 3 personnes a de facto exclu certaines sections de la liste ci-dessus (non communiquée), ce qui, comme l’ont dit en séance plusieurs conseillères et conseillers, dont SERVIR, pénalise les petites sections du point de vue de leur effectif pour cette première double campagne. Le président s’est engagé à revoir ce critère pour les campagnes à venir : nous y veillerons.

Vos élu·e·s SERVIR ont par ailleurs été surpris de voir apparaitre dans la liste des sections retenues des sections proches du ratio cible (sections 01, 05, 21, 26, 61, 63), dont certaines dotées de deux repyramidages (section 05). SERVIR a également proposé que, pour les sections bénéficiant d’un vivier 2022 supérieur à celui de 2021, soit retenue l’année la plus favorable : de nouveau, sans effet. Enfin, nous déplorons que les postes de PU publiés pour la campagne synchronisée 2022, qui auront nécessairement un effet dès cette année sur le ratio PU/MCF, n’aient pas été pris en compte.

Compte tenu de ces divers éléments, SERVIR a voté contre les propositions faites.

Sections proposées pour le repyramidage

 20212022
CNU 0111
CNU 05 1
CNU 0611
CNU 071 
CNU 09 1
CNU 11 1
CNU 131 
CNU 141 
CNU 1611
CNU 181 
CNU 191 
CNU 21 1
CNU 22 1
CNU 26 1
CNU 2711
CNU 28 1
CNU 3211
CNU 61 1
CNU 63 1
CNU 6411
CNU 66 1
CNU 671 
CNU 681 
CNU 691 
CNU 701 
CNU 741 
CNU 85 1
CNU 86 1
CNU 8711
TOTAL1719

Résultats du vote

  • POUR : 25
  • CONTRE : 4 (dont SERVIR)
  • Abstentions : 9

Conseil d’administration restreint aux élu·e·s du 8 avril 2022

Le CA restreint aux élu·e·s du 8 avril s’est prononcé sur l’intégration du repyramidage dans les lignes directrices de gestion. Pour rappel, les lignes directrices de gestion (LDG) ont été instituées par la loi de la transformation publique (loi n°2019-828 du 6 août 2019, publiée au JO du 7 août 2019). L’Université de Lille d’avant l’EPE a voté ses LDG relatives à l’avancement des personnels en janvier 2021. Il s’agissait ici d’intégrer dans ces LDG (qu’on peut définir sommairement comme le recueil de procédures pour tout ce qui concerne l’avancement, tous types de personnels confondus) ce nouveau dispositif d’avancement intercorps.

SERVIR a vivement réagi contre la procédure telle que soumise à vote. Sans entrer dans le détail des interventions, les élu·e·s SERVIR lui ont reproché son caractère non-opérationnel, aussi bien sur la phase désignation des rapporteur·e·s, sur les comités d’auditions que sur la décision finale, qui revient au Président, et n’a obtenu aucune réponse satisfaisante aux nombreuses questions posées. Or, ces questions n’avaient d’autre objectif que de sécuriser le dispositif pour l’établissement, de rassurer les collègues candidates et candidats sur la transparence de la procédure et de ne pas mettre en difficulté les collectifs de travail. Rien, dans les propositions faites, ne portait en outre sur l’égalité professionnelle Femmes / Hommes. Or, si le corps des MCF compte 45,4 % de femmes et 54,6% d’hommes, chez les PU, tous grades confondus, les pourcentages sont nettement moins favorables aux femmes (29,7% pour 70,3% d’hommes), avec un décrochage féminin plus on monte en grade (en classe exceptionnelle 2e échelon, les femmes ne sont plus que 25,1%) [source : bilan social Université de Lille 2020].

Compte tenu de la tournure des débats, une proposition alternative a été faite par le Président de l’Université : se prononcer sur les LDG telles que proposées, en les assortissant d’une clause de revoyure pour affiner la procédure.

Considérant que l’on ne pouvait pas, dans le même temps, adopter des LDG non opérationnelles et demander une clause de revoyure dont le délai n’a pas été précisé, vos élu·e·s SERVIR ont voté contre la première proposition, et pour la seconde.

Résultats des votes

(1) Adoption des LDG

  • POUR : 13
  • CONTRE : 5 (dont SERVIR)
  • Abstentions : 6

(2) Clause de revoyure

  • POUR : unanimité

Sur ce sujet

Consultez la motion du collectif SERVIR à destination des élu·e·s de l’assemblée CS/CFVU collège A – Réunion du 5 mai 2022.